La RDC compte moins de 30 % des femmes en poste dans le corps enseignant au niveau primaire et seulement 11 au niveau secondaire, selon une récente enquête de l’Organisation des Nations –Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
A cela il faut ajouter le caractère moins attrayant qui pesait jusqu’à il y a peu sur ce sous-secteur compte tenu notamment des conditions de travail du personnel qui étaient, jusqu’il y a deux ans, très précaires. Pas étonnant que près de 20 pourcent du personnel dans le sous-secteur de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) soit âgé de plus de 50 ans.
En ce mois dédié notamment à l’autonomisation de la femme, nous avons rencontré une professionnelle de la craie pour nous entretenir avec elle sur ses motivations d’œuvrer si jeune dans l’enseignement, alors que plusieurs autres options auraient pu lui être présentées, et pas les moindres.
Lors d’une interview accordée à la rédaction de la Direction de Gestion de la Communication de l’EPST ( DGC-EPST), ce mercredi 8 mars 2023, Sephora Mandambo, 19 ans, relate comment est-elle parvenue à financer ses études universitaires après avoir réussi à convaincre ses parents de la laisser suivre son rêve en embrassant, si jeune, cette profession.
Sephora, fille ainée d’une famille de 5 enfants, enseigne depuis 2019 en deuxième année primaire de l’école de La Bannière située à Kinshasa, dans la commune Barumbu, quartier Esanja à l’avenue Kapinga.
Fascinée depuis son jeune âge par ce métier, c’est dans la même école qui l’a formée que Sephora a décidé de former à son tour des plus jeunes.
« J’ai nourri cette envie de ressembler à mes maitresses depuis mon plus jeune âge. Et avoir l’opportunité d’être retenue dans cette même école qui m’a vue grandir, c’était encore une plus grande fierté déjà en soi… C’est vrai qu’au début, ma famille hésitait un peu vu la réputation de ce métier comparé aux autres professions en RDC. L’enseignant tout comme le policier est vu comme le dernier des misérables employés de l’Etat… Les différentes réformes annoncées à l’époque dans le cadre de la gratuité ont notamment influencé la décision de ma famille. Elle a finalement adhéré », nous a-t-elle confié.
Sephora ne nie pas que ce métier rémunère mieux aujourd’hui qu’il Ya 5 ans passés même s’il reste, nuance-t-elle, des paliers à franchir dans l’amélioration des conditions de vie de l’enseignant congolais.
« Peut-être si je devrais enseigner il y a 5 ans passés, j’aurai pu réfléchir avant de m’engager. Mais aujourd’hui, le salaire que je perçois me permet au moins de ne pas dépendre de mes parents ou d’attendre tout d’un fiancé ou grand-frère. C’est loin d’être l’idéal mais ça me suffit déjà, je peux financer mes études universitaires avec ça », poursuit-elle.
Sephora entend faire carrière dans l’enseignement.
« J’ai commencé très jeune, c’est vrai que toute promotion dans l’avenir m’encouragera d’avantage. C’est pour ça aussi qu’on travaille non ! Je pense à être promue membre du conseil pédagogique par exemple, devenir inspecteur ou cheffe d’établissement …», dit-elle.
Des difficultés, il n’en manque pas dans un milieu professionnel. Sephora n’en a pas non plus été épargnée dans sa jeune carrière d’enseignante de l’école primaire.
Elle évoque entre autre l’éducation de base de certains élèves qu’elle décrit comme « enfants à problème ».
« L’enfant ne se construit pas uniquement à l’école, il est nécessaire d’échanger régulièrement entre parent et établissement sur le travail fait en classe, les acquis de l’élève, le progrès de l’élève ensuite partager des solutions d’accompagnement pédagogique, aussi les absences des élèves accentuent cette difficulté, car il faut à tout prix récapituler afin que les élèves soient tous au même niveau de matières ».
La jeune étudiante pense que le système éducatif actuel doit être amélioré en renforçant des guides didactiques et pédagogique suffisants. Elle parle également de la mise en œuvre de l’évolution numérique qui doit être accessible à tous les niveau.
Cynthia Kanama